Ce CSA ministériel se tient alors, qu’aujourd’hui encore, les températures prévues avoisinent les 40 degrés sur l’ensemble du territoire. Des scientifiques aux organisations syndicales dont la nôtre, en passant par des associations, les voix sont nombreuses et majoritaires pour alerter, depuis plusieurs années maintenant, sur la récurrence et les effets de ces périodes de canicule et pourtant… dimanche 29 juin, alors qu’un dôme de chaleur est annoncé depuis quelques jours, le ministère utilise la méthode Coué et diffuse finalement un communiqué de presse qui nous rappelle les grandes heures du Covid. Informations de dernière minute, recommandations déconnectées de la gravité de la situation et des réalités…y a-t-il quelqu’un qui pense sérieusement dans ce ministère que toutes nos écoles et établissements possèdent au moins une salle rafraichie ?! Dans la désorganisation la plus totale, des décisions de fermetures d’écoles sont prises, en collège et en lycée, et dimanche soir, le ministère a semblé découvrir qu’il y a encore des examens, ou encore que des enseignant·es sont de correction de copie.
Depuis 2019, nous alertons sur l’état du bâti scolaire en France mais force est de constater que rien n’est fait pour faire avancer les choses. La FSU avec d’autres organisations syndicales au sein de l’Alliance Ecologique et Sociale a lancé une campagne autour du bâti scolaire et demande le financement et la mise en œuvre d’un plan national de rénovation, qui nécessite la mobilisation commune de l’État et des collectivités territoriales parce qu’il y a urgence. Ces investissements doivent permettre de répondre aux exigences thermiques inscrites dans un décret et permettre d’assurer la continuité et l’égalité d’accès à un service public de qualité. C’est un enjeu d’avenir et de santé publique.
Mais sur les questions de service public, nous ne pouvons que constater qu’elles ne font pas partie des priorités du gouvernement. Dans le premier degré, la volonté de modifier profondément le référentiel sur la direction d’école relève à nouveau du mépris envers ces personnels. Depuis plus d’une semaine, les organisations syndicales représentatives se sont adressées à la ministre pour revoir ce projet totalement en contradiction avec les missions actuelles des directeurs et directrices mais aussi avec les attentes des personnels … Qu’avons-nous eu comme réponse ? Aucune ! Pourtant, le ministère devrait se soucier du nombre de postes de direction vacant à l’issue du premier mouvement, et répondre à la demande d’augmentation des décharges et d’aide administrative.
Si le nombre de postes vacants à l’issue du CRPE est inférieur à celui des années précédentes, ce n’est pas parce que la crise d’attractivité est derrière nous mais bien parce que ces chiffres sont en trompe-l’œil. En baissant drastiquement le nombre de postes offerts dans les académies déficitaires, vous avez mécaniquement fait baisser le nombre de postes vacants. Cela ne résoudra en rien les difficultés rencontrées dans les académies déficitaires. Il faudra, à nouveau, recruter nombre de contractuel·les. De plus votre choix de réduire significativement le nombre de listes complémentaires met déjà les académies en tension. Une rentrée scolaire qui s’annonce encore bien compliquée au vu des fermetures de classes annoncées lors des CSA d’ajustement. La généralisation des PAS à moyens constants dans nombre d’académies va engendrer des fermetures de classes non prévues.
Dans le second degré chez les PLP, 15% des postes ne sont pas pourvus, alors même que le nombre de postes aux concours avait été amputé de 4%. Les résultats ont commencé à être publiés pour les CAPES et, là encore, tout montre que la crise d’attractivité est structurelle et s’enracine durablement : au CAPES externe, en mathématiques, 253 postes perdus, 96 en physique-chimie, 51 en anglais.
Sur les questions d’attractivité, le ministère a donc tout faux. Après avoir lors du dernier CSA MEN réalisé un chantage odieux sur la question du décret sur les carrières des enseignant·es, celui-ci ne sera finalement pas publié alors qu’il comportait une mesure importante sur le déroulement de carrière en classe normale. Les dernières mesures concernant la couverture à 90% des arrêts maladie ne sont pas remises en cause et aucune décision n’a encore été prise pour les collègues femmes en situation de grossesse. La FSU continue de revendiquer le retrait de cette mesure injuste. Comme cela devient une habitude, après avoir annoncé un GT sur la mise en place de ces mesures en CSA MEN, puis avoir finalement envoyé un mail pour indiquer le procédé, le ministère envoie un nouveau mail pour acter un décalage. Quand le ministère sera-t-il enfin respectueux de ses personnels ? L’effet rétroactif de cette mesure ne devrait même pas être envisagé !
Pour les personnels des filières hors enseignantes du ministère, même constat, les 4 millions et demi de revalorisation indemnitaire consacrés à 70 000 personnels sont loin d’être suffisants. Le saucissonnage des revalorisations indemnitaires continue , – une année pour les collègues de telle(s) ou telle(s) catégorie(s) mais pas pour les autres – compte tenu de la réduction drastique des enveloppes de crédits dites catégorielles qui leur sont destinées. Inacceptable pour l’ensemble des personnels des filières ATSS et pour la FSU, tant ces personnels contribuent chaque jour au fonctionnement d’une éducation nationale indispensable à la mise en œuvre des politiques scolaires et éducatives du pays.
Quant au conclave sur les retraites, ce fut une réelle mascarade, les fonctionnaires (comme les autres salarié·es) ont besoin de mesures progressistes allant dans l’intérêt de toutes et tous. Il faut abroger la réforme de 2023 et sa mesure d’âge injuste, augmenter les salaires, rendre effective l’égalité salariale, favoriser l’accès à l’emploi, taxer certains dividendes sont autant de mesures qui pourraient permettre le financement des retraites. Mais ce ne sont pas les choix qui sont effectués, le gouvernement préfère l’intérêt des actionnaires à celui des fonctionnaires.
Il en va de même quand certains préfèrent favoriser leur ambition politique plutôt que de s’intéresser réellement aux intérêts des élèves. Ainsi Le rapport de l’Inspection générale du ministère de l’Education nationale est sans appel : les groupes de niveaux ne sont bénéfiques, ni pour les élèves, ni pour les personnels, ni pour notre système éducatif. Preuve de plus, s’il en fallait, de l’impasse éducative et pédagogique imposée par un ex-ministre de l’Éducation nationale. Les analyses de l’IG recoupent les travaux de la recherche et ce qui a été porté par la FSU ainsi qu’une large intersyndicale pendant des mois : un chaos organisationnel, le cœur de métier des professeur·es nié, des élèves malheureux. Mais alors que ce rapport prône l’« abandon du modèle actuel » des groupes de la réforme du « Choc des savoirs » et fait l’éloge de classes et groupes à effectifs réduits, le ministère persiste et signe en envoyant une lettre de recommandations aux recteurs et rectrices pour les poursuivre. Est-il si difficile de reconnaître l’échec d’une réforme ? Vaut-il mieux sacrifier une cohorte supplémentaire d’élèves pour ne pas avoir à revenir sur sa parole ? La FSU réaffirme son exigence d’abrogation des mesures du Choc des savoirs
2025 aura été l’année de la mise en place de la réforme de la terminale bac pro, désastre annoncé. Celle-ci est un fiasco, emblématique des politiques imposées contre les personnels et la réussite des élèves. Avec l’avancée des examens en mai, les enseignant·es ont perdu des heures de cours pour pouvoir préparer leurs élèves aux épreuves, engendrant du stress. Le parcours différencié est un échec total : faible corrélation du choix de parcours avec les vœux parcoursup ou du lieu de PFMP avec la filière, désorganisation complète des établissements, perte de sens pour les personnels et pour les élèves engendrant un absentéisme record se répercutant sur les autres niveaux… À rebours des objectifs d’employabilité immédiate et de modules déconnectés des savoirs et savoir-faire, les élèves de bac pro ont besoin d’école. Nul besoin d’attendre un rapport ou un bilan exhaustif même s’il est nécessaire. Dès maintenant le ministère doit rétablir les examens en juin et abroger le parcours différencié. C’est une exigence pour combattre les inégalités et la ségrégation liée aux origines sociales.
Dans ce marasme éducatif, nous avons une collègue AED, Mélanie G. qui a été tuée par un élève armé d’un couteau lors d’une opération de fouille de sacs. La FSU renouvelle son soutien à sa famille, ses collègues et aux élèves.
Ce drame, comme d’autres, a fait l’objet d’une récupération d’une partie de la classe politique qui vise surtout à mettre à l’agenda mediatico-politique des mesures sécuritaires et de contrôle de la jeunesse. La question du climat scolaire et de la sécurité des écoles, des collèges, des lycées, des personnels et des élèves nécessite notamment, et en premier lieu, davantage de personnels formé·es et qualifié·es. Le manque de moyens organisé par les gouvernements successifs en termes de personnels a dégradé les conditions d’encadrement et de prise en charge des élèves. Ce manque s’avère encore plus criant dans un contexte où la santé mentale des élèves se dégrade. A l’heure où les arbitrages budgétaires pour 2026 doivent être rendus, nous réaffirmons l’urgence d’avoir des équipes pluriprofessionnelles complètes dans chaque établissement afin de faire un travail d’éducation et de prévention efficace.
Les infirmières scolaires font partie de ces équipes pluriprofessionelles, la reconnaissance de leur spécialité doit maintenant être reconnue par l’éducation nationale. Des discussions nécessaires à la mise en application de la loi infirmière qui vient d’être publiée le 29 juin doivent être ouvertes.
Les Assises de la santé scolaire ont mobilisé, infirmières, psychologues et assistantes de service social. Ces trois professions, essentielles à la réussite scolaire, étaient massivement présentes à Paris le 10 juin pour lutter contre vos annonces qui portent l’affaiblissement et la dégradation des services.
Alors que l’isolement des élèves est de plus en plus pointé du doigt il est urgent de refaire du collectif, à travers des lieux de socialisation, de recréer du lien social, de la cohésion, dans l’École et en dehors, ce qui suppose, à l’inverse des mesures prises, de renforcer et conforter l’École publique.
En ce dernier CSA MEN de cette année scolaire 2025, où nous avons eu affaire à 3 ministres différentes, nous ne pouvons que constater qu’aucune amélioration n’aura été faite pour les personnels de l’éducation nationale et les élèves : pas de revalorisation, pas de postes supplémentaires aux concours, pas de bougés sur des réformes éducatives problématiques et ayant montré leurs échec !
La réforme de la formation initiale que vous avez portée à la hâte ne tient pas compte des exigences des métiers enseignant et CPE et ne répondra pas à la question salariale : 1400 euros ne suffiront pas à se loger, sans moyen supplémentaire à l’université de nombreux·ses étudiant·es vont être empêché·es d’accéder aux concours, la formation disciplinaire lourdement impactée va créer des situations dramatiques pour certain·es des lauréat·es. La mise en application dès l’année prochaine, et alors même que de nombreuses questions sont restées sans réponse, est inconséquente pour les formateurs·rices et pour les étudiant·es.
La FSU sera aux côtés de l’ensemble des personnels dès la rentrée, qui s’annonce déjà problématique. Nous refuserons tout plan d’austérité pour 2026 appliqué aux missions et personnels de notre ministère.
Enfin nous finirons par une remarque, sur l’ordre du jour de ce CSA MEN, nous redisons dans cette instance que convoquer un GT dédié à un sujet du CSA la veille de celui-ci est inacceptable et ne respecte aucun personnel.