Les infirmières demandent des recrutements de personnel et des revalorisations salariales.
Environ 300 infirmières scolaires ont manifesté jeudi 10 juin à Paris, à l’appel du Syndicat national des infirmiers et conseillers de santé SNICS-FSU. Une délégation a été reçue au ministère de l’Éducation, par le cabinet de Jean-Michel Blanquer. Très sollicitées par des élèves fragilisés par la crise sanitaire, elles réclament des revalorisations salariales et des postes supplémentaires.
Elles n’étaient déjà pas assez nombreuses, avec 7 700 infirmières pour 62 000 établissements. Alors la pandémie et ses conséquences ont encore aggravé les choses. « Il n’y a même pas un poste d’infirmière par établissement scolaire, notamment dans le second degré », souligne Cécile Gennec, secrétaire académique de la Bretagne du SNICS-FSU. « Il faut savoir que l’on fait 18 millions de consultations par an », ajoute-t-elle.
Dans le cortège, Sophie, infirmière scolaire dans un collège de Seine-et-Marne. Elle n’a jamais autant été sollicitée que depuis le début de la crise sanitaire.« Je n’ai jamais vu autant de scarifications, je n’ai jamais vu autant de tentatives de suicides. Ils sont perdus, ils sont totalement accros à leurs écrans, ils n’ont plus de repères et c’est difficile pour moi aussi. »
« On a été très sollicitées. Et on n’a rien »
Face à la souffrance des élèves, Elisabeth a du mal à accepter les missions supplémentaires qu’elle doit accomplir,comme déployer la campagne d’autotests dans les lycées. « On a autre chose à faire ! Moi, j’ai des lycéens qui ont plutôt besoin de trouver des psychologues, qui vont mal. Donc, ce n’est pas la peine de nous en rajouter. »
Une infirmière scolaire gagne en moyenne 1 800 euros par mois. Selon Cécile Gennec, elles sont les fonctionnaires de catégorie A les moins bien payées de l’Éducation nationale. « On a des primes qui ne correspondent pas du tout à notre catégorie et à nos responsabilités ».
Cécile Gennec regrette que les infirmières scolaires n’aient pas été prises en compte dans le Ségur de la santé et dans le Grenelle de l’Éducation. « Nous sommes des infirmières conseillères de santé auprès des chefs d’établissement. Pendant cette crise, on a vraiment été très sollicitées. Et on n’a rien. On fait partie de l’équipe éducative mais notre ministère de tutelle ne reconnaît pas nos missions. Des fois, on se demande même si on fait bien partie de l’Éducation nationale. »
« On s’est vraiment senties méprisées »
Alors selon elle, ce mouvement de grève « c’est vraiment un cri, une demande de reconnaissance. Ce qu’on demande au ministre, c’est de reconnaître enfin qu’on est un personnel de l’Éducation nationale, qu’on participe à la réussite scolaire des élèves. Et ce sentiment d’être une poubelle, c’est aussi ce Grenelle de l’Éducation où on s’est vraiment senties méprisées. On n’a rien ».
Le ministère de l’Éducation nationale propose aux infirmières de l’Éducation nationale une augmentation de dix euros par mois. Très insuffisant et démotivant pour Séverine, infirmière scolaire dans le Val-d’Oise. « Ça fait huit ans que je suis là et je suis dégoûtée de mon métier alors que je l’ai choisi par conviction. J’adore mon métier auprès des jeunes mais là, j’ai envie de changer ».
Selon Cécile Gennec, secrétaire académique de la Bretagne du Syndicat national des infirmières conseillères de santé SNICS-FSU « deux infirmières à l’Éducation nationale sur trois qui veulent changer de métier. C’est un gâchis pour nous, parce qu’on a des missions formidables, et c’est un gâchis surtout pour nos jeunes ».