« Démonétisation » des métiers de la fonction publique.
Une stratégie délibérée pour réduire le nombre d’agents
Jamais depuis 60 ans la France n’a aussi mal traité ses fonctionnaires.
Nouvelle année de gel du traitement de base (cela fera la septième), CSG à peine compensée, report des engagements PPCR, augmentation des cotisations pour pension, non-paiement d’un jour de carence pour maladie, … La liste de nos plaies est connue, elle a pour conséquence la paupérisation continue des agents de la fonction publique qui ont perdu 9% de pouvoir d’achat depuis 2010 !
Ajoutez à cela : la suppression annoncée de 120 000 postes, la mise en place d’un plan de départs volontaires, et la volonté d’utiliser davantage de contractuels et moins de statutaires.
Raisons budgétaires ? C’est ce qu’on nous disait, il y a huit ans ! Et les fonctionnaires ont alors vu leur traitement gelé durant 6 longues années (2010 à 2016) pour contribution au redressement des comptes publics.
Mais aujourd’hui, il s’agit d’autre chose. Il y a une stratégie délibérée de démonétiser, dans tous les sens du terme, les métiers de la fonction publique pour les rendre » non attractifs « .
Cela a commencé : on voit déjà baisser drastiquement le nombre de candidat.e.s qui se présentent aux différents concours de la fonction publique. Et cela va empirer : quelle image, et quelles perspectives de carrière, notre fonction publique (tous versants confondus) offre-t-elle aujourd’hui aux jeunes en âge de travailler ? Je vous laisse y réfléchir.
Bien sûr le gouvernement s’en défendra en disant qu’il s’agit de » modernisation » (chiche !) et d’orthodoxie budgétaire (pourquoi pas ?). Mais nous -représentants des salarié.e.s de la fonction publique- en avons assez qu’on nous promène au prétexte qu’on serait globalement » trop cher et trop nombreux » (un comble !), peu efficaces et rétifs au changement (sortez de vos bureaux).
La paupérisation calculée et la dévalorisation répétée de nos métiers de service public a, et aura, des conséquences graves pour des centaines de milliers de fonctionnaires (des personnes, donc).
Si l’objectif est de réinventer une fonction publique en France, il serait avisé de le faire avec les agent.e.s, et non pas dans leur dos ni à leur dépens !
Bernadette Groison