Communiqué de la FSU66 :
Ce mardi 31 mars devait être un grand jour de grève et de manifestation contre le projet de réforme des retraites par points. Après le succès des mobilisations de décembre (plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans les Pyrénées Orientales), la multiplication des actions sous des formes diverses en janvier et février (manifestations, retraites aux flambeaux, flash mob, signatures de pétitions, …), nous nous étions donnés le temps de construire une nouvelle mobilisation massive pour gagner une retraite plus juste pour toutes et tous.
Depuis, l’actualité a mis d’autres urgences sur le devant de la scène : l’épidémie de Covid-19 a gagné aussi notre département et peu à peu le confinement s’est imposé à tout le pays. Notre priorité est aujourd’hui de protéger la santé de toutes et tous.
Cette crise sanitaire montre que les personnes qui comptent dans le pays ne sont pas les « premiers de cordée » de Macron, mais des hommes et plus souvent des femmes qui travaillent au service des autres, pour des salaires souvent inversement proportionnels à l’importance sociale de leur métier. Parmi les nombreuses professions mobilisées pendant cette crise sanitaire, beaucoup font partie de la fonction publique : hospitalière bien sûr, mais aussi d’État et territoriale. Elle montre plus que jamais que les services publics sont un bien commun indispensable qui nécessitent des investissements massifs, à contrario des politiques de casse mises en œuvre par le gouvernement.
Dans l’éducation, après avoir enchaîné de multiples déclarations et directives se contredisant d’un jour à l’autre, après avoir mis sous pression les personnels sous prétexte d’une continuité pédagogique irréaliste, après avoir mis les agent-e-s en danger en les envoyant accueillir les enfants de soignants sans protections, Jean-Michel Blanquer joue maintenant sur la crise sanitaire pour accélérer la mise en place de certaines de ses réformes délétères : profitant de l’impossibilité de faire passer les concours de recrutement (admissibilité cette année et admission l’an prochain : créant ainsi une nouvelle cohorte de personnels précaires), profitant de l’impossibilité de mettre en place les épreuves du baccalauréat (remplacé par un contrôle continu : injuste et dénué de tout caractère national), … Le ministre n‘était pas prêt, il n’est pas non plus aux fraises : il est d’un cynisme hors du commun.
Si l’ensemble du gouvernement en place n’a pas anticipé la pandémie, avant cela, ce sont bien 40 années de politiques néolibérales qui ont détruit progressivement tout ce qui pouvait freiner la propagation du virus, lutter contre la maladie et ses conséquences. La crise actuelle nous montre ce qui peut arriver quand les services publics sont démantelés, quand certaines collectivités territoriales choisissent la privatisation des missions des agent-e-s territoriaux, quand les hôpitaux sont dépouillés, quand l’éducation est mise au pas et appauvrie, quand la recherche est asservie aux besoins économiques immédiats.
La récente reconnaissance par le président de la République de l’importance des services publics ne trompe personne tant ce discours de circonstance est contredit par toute sa politique. En première ligne dans la lutte contre le coronavirus, au sortir du confinement, les fonctionnaires sauront rappeler au gouvernement qu’ils ont besoin de moyens, de considération et d’une vraie revalorisation salariale. Ils sauront aussi lui rappeler que le projet de réforme des retraites constitue une attaque injuste à leur égard, comme au reste de la population, et continuer à en exiger le retrait.
Cette crise sanitaire révèle la faillite du système économique néolibéral. Nous devons imposer l’abandon des contre-réformes qui détruisent les solidarités, nos vies comme la planète.
Le confinement est provisoire et nous ne sommes pas amnésiques.
Le lendemain, il n’y aura pas de retour « à la normale » : un nouveau monde est à mettre en place, la FSU, forte de ses mandats en matière de transition écologique et de justice sociale, y jouera pleinement son rôle.